Tout au long de la domestication, les animaux ont été sélectionnés pour reproduire et accentuer des critères jugés pertinents par et pour l’humain. Ainsi, ce dernier a créé des centaines de races de chiens et de chats présentant des caractéristiques comportementales ou physiques répondant à ses besoins.
Au fil du temps, des associations dédiées aux chats et aux chiens ont développé des « standards de race » qui décrivent l’idéal de chaque individu en termes de caractéristiques physiques, telles que la forme et la taille du corps, la structure du crâne, la longueur de la queue, ainsi que la qualité, la longueur et la couleur du pelage. Ces normes sont le fruit d’une convention entre les éleveurs et les éleveuses d'une race spécifique.
C’est l’amplification de caractéristiques particulières qui engendre des animaux hypertypés.
A force de vouloir des chiens ou des chats « extraordinaires » présentant par exemple une face de plus en plus plate, une couleur spéciale, une taille toujours plus petite ou toujours plus grande, l’humain a produit des chats et des chiens dont le bien-être et la santé sont en danger. Ce phénomène est appelé « hypertypes ».
Depuis 2018, le Conseil wallon du Bien-être des Animaux (CWBEA) s’est penché sur la problématique des hypertypes et des maladies génétiques liées à certaines races de chats et de chiens. Il a constitué un groupe de travail chargé de proposer des mesures visant à limiter les atteintes au bien-être de ces animaux.
Chacun d’entre nous, citoyen, citoyenne, éleveur, éleveuse, vétérinaire avons un rôle à jouer pour protéger et respecter la santé, l’intégrité et la dignité des animaux.
Cette page a pour objectif d’informer au maximum sur les risques liés à ces phénotypes délétères, et non pas d’effrayer ou de stigmatiser les animaux hypertypés ou leur propriétaire. Il est important d’être bien informé-e sur cette thématique afin d’être conscient-e des spécificités et besoins particuliers de son animal, s’il est concerné. Si vous avez un doute ou une inquiétude concernant votre animal, consultez votre vétérinaire, qui vous renseignera au mieux.
Un travail de renforcement de la réglementation est en cours, en vue d’améliorer la sélection des animaux reproducteurs et ainsi limiter le nombre d’animaux souffrant d’un hypertype.
* Si ces chiens ont été inventés pour les besoins de l'animation, les souffrances racontées par ces animaux sont de véritables expemples d'hypertypes
Merci aux vétérinaires !
Leur aide a été précieuse pour la conception de cette vidéo.
Cette vidéo est le résultat d’une recommandation et d'une collaboration avec le Conseil Wallon du Bien-être des Animaux
Documentation
Foire aux questions
C’est quoi le bien-être animal ?
« Le bien-être d’un animal est l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal » (Anses, 2018).
Cette définition est centrée sur l’animal, qui est un être sensible. Elle prend en compte les dernières avancées scientifiques dont les aspects liés à la conscience de l'animal et elle est amenée à évoluer avec le progrès des connaissances.
Qu'est ce qu'un hypertype ?
On parle d’un animal hypertypé lorsque certains traits distinctifs de la race sont accentués à l’extrême, c’est-à-dire qu’il ne répond pas à la description théorique détaillée de la morphologie, de la robe et des caractères comportementaux (allure, tempérament) formulée dans le « standard de race ».
L’accentuation de certaines caractéristiques peut provoquer de l’inconfort, de la douleur, voire de la souffrance et ainsi nuire au bien-être des animaux. Certaines de ces caractéristiques peuvent également être associées à des maladies génétiques, parfois mortelles. Par ailleurs, il faut noter que certaines maladies génétiques ne sont pas associées à des hypertypes, comme par exemple la surdité liée à la couleur blanche.
Quelles sont les pathologies fréquemment observées ? Quelles en sont les conséquences en termes de santé, bien-être animal, … ?
Dans son avis daté du 5 juin 2023, le Conseil Wallon du Bien-être des Animaux a identifié 12 maladies héréditaires associées aux chiens hypertypés, à savoir :
- Ostéosarcome - Tumeur maligne des os. Maladie grave et très douloureuse, rare, mortelle, sans traitement (Lien vers OMIA - en anglais)
- Syringomyélie - Malformation de la partie postérieure du crâne avec engagement du cervelet à la sortie du crâne. Maladie grave et douloureuse, traitement possible mais euthanasie parfois nécessaire (Lien vers OMIA - en anglais)
- Sarcome histiocytaire disséminé - Cancer pouvant atteindre plusieurs organes, proliférant rapidement et de façon anarchique dans l’ensemble de l’organisme. Maladie grave et douloureuse, rare, mortelle, sans traitement (Lien vers OMIA - en anglais)
- Ostéochondrite disséquante - Défaut d’ossification du cartilage articulaire avec formation de souris articulaire. Maladie parfois douloureuse, fréquente, possibilité de traitement (Lien vers OMIA - en anglais)
- Dilatation-volvulus estomac - Affection suraiguë caractérisée par une dilatation accompagnée d’une torsion de l’estomac. Maladie hyper-aiguë et douloureuse, rare, possibilité de traitement, risque de mortalité (Lien vers OMIA - en anglais)
- Syndrome obstructif respiratoire des races brachycéphales (BAOS) - Caractéristiques morphologiques des races brachycéphales entraînant des troubles squelettiques, respiratoires et digestifs. Maladie sévère, fréquente, possibilité de traitement (Lien vers OMIA - en anglais)
- Luxation de la rotule - Affection orthopédique caractérisée par une position anormale de la rotule. Boiterie permanente ou intermittente, possibilité de traitement (Lien vers OMIA - en anglais)
- Ostéoarthrite - Dégradation graduelle du cartilage au niveau d’une ou plusieurs articulations. Boiterie fréquente chez les chiens âgés, possibilité de traitement (Lien vers OMIA - en anglais)
- Cardiomyopathie dilatée - Dégénérescence du muscle cardiaque. Rare, peut aboutir au décès prématuré des chiens atteints (Lien vers OMIA - en anglais)
- Dysplasie (coude et hanche) - Anomalie du développement de l’articulation se traduisant par des malformations osseuses. Fréquente, évolution progressive vers une boiterie permanente ou intermittente. Possibilité de traitement (Lien vers OMIA - en anglais)
- Dysgénésie oculaire associée à la robe merle - Anomalies oculaires et auditives associées à la couleur merle. Peu fréquent, le chien peut être aveugle et sourd mais peut aussi ne présenter aucun signe clinique (Lien vers OMIA - en anglais)
- Collapsus trachéal - Aplatissement des anneaux trachéaux, résultant d’une dégénérescence progressive du cartilage. Toux sèche lors d’excitation pouvant évoluer vers des difficultés respiratoires. Possibilité de traitement
Ce classement résulte de la prise en compte de 21 critères d’analyse parmi lesquels l’intensité de la douleur, la possibilité de traitement, la probabilité et la fréquence d’occurrence de la pathologie et les impacts sur la qualité de vie de l’animal. Les symptômes et leurs conséquences sont brièvement décrits et illustrés dans l’avis du Conseil.
Pour plus d’information, consultez l'avis du CWBEA, le site Genodog, ou encore le site (en anglais) Online Mendelian Inhertiance in Animals.
Dans ses avis datés du 24 novembre 2020 et du 11 février 2019, le Conseil s’est intéressé aux hypertypes dans les races félines. Les symptômes et leurs conséquences sont brièvement décrits dans ces avis. Les phénotypes délétères retenus sont les suivantes [liens en anglais] :
- Ostéochondrodysplasie congénitale - Maladie entraînant une croissance osseuse et cartilagineuse anormale induisant une déformation squelettique. Anomalies du squelette, de la queue et des extrémités distales des membres
- Hypochondrodysplasie - Nanisme disproportionné, déformation du corps, pattes courtes, lordose
- Dysgénésie sacro-coccygienne - Mortalité embryonnaire ; queue courte ou absente, malformation qui peut engendrer des difficultés pour se déplacer normalement, une incontinence urinaire et fécale et une constipation chronique. Aucun traitement, dans les formes graves, le chat est le plus souvent euthanasié
- Spina bifida - Anomalie au niveau de la colonne vertébrale qui peut engendrer des anomalies de la démarche des membres postérieurs ainsi que des incontinences urinaires ou fécales. Aucun traitement, dans les formes graves, le chat est le plus souvent euthanasié
- Hypoplasie radiale - Pattes avant plus courtes et parfois déformées ; incapacité à supporter normalement le poids sur les membres antérieurs
- Surdité congénitale - Pas de traitement ; lié à la couleur blanche
- Brachycéphalie - Caractéristiques morphologiques des races brachycéphales entraînant des troubles squelettiques, respiratoires et digestifs. Maladie sévère, fréquente, possibilité de traitement
Quelles sont les races pouvant être atteintes d’un hypertype ?
Tous les animaux sont susceptibles d’être affectés par une maladie héréditaire.
Aucune race n’est épargnée, mais les individus de certaines d’entre elles sont plus susceptibles que ceux d’autres races de présenter un hypertype. Cela ne veut pas dire que tous les chiens de ces races sont systématiquement atteints par le ou les risques identifiés !
Par exemple, le syndrome brachycéphale, responsable de détresse respiratoire chez le chien ou le chat à face plate, est très fréquent chez les races suivantes :
- Chiens : Bouledogue français, Bulldog anglais, Carlin, Boston terrier mais également chez certains Pékinois, Dogues de Bordeaux, Cavalier King Charles Spaniels, etc.
- Chats : Persan, British et Exotic Shorthair, etc.
Voici une liste des races pour lesquelles des cas d'hypertypes ont déjà été identifiés.
! Attention, tous les animaux de ces races ne sont pas systématiquement victimes du syndrome brachycéphale !
Il faut donc être bien conscient-e du fait que les animaux hypertypés souffrent. En sélectionnant plus soigneusement les animaux reproducteurs, nous pouvons limiter au maximum les risques de souffrance chez les animaux.
Exemple : de nombreuses personnes sont séduites par la robe merle et les yeux bleus ou vairons chez un chien. Cette caractéristique esthétique a une origine génétique. Pourtant, la reproduction de ces chiens nécessite une grande prudence : les chiots issus de la reproduction de deux individus présentant la couleur merle ont un plus grand risque de naître aveugles, sourds et/ou victimes de malformations.
Autre exemple : la particularité du Scottish Fold repose sur une mutation génétique. Sa reproduction demande une grande prudence : le croisement de deux chats de cette race engendre la mort de chatons avant la naissance et, pour ceux qui arrivent à terme, leur bien-être sera limité notamment en raison du développement d’une maladie générant des douleurs chroniques.
Est-ce que tous les animaux de race sont « hypertypés » ?
Non, tous les animaux de races ne sont pas concernés par l’hypertype.
Certaines races sont plus connues pour leur(s) risque(s) de développer un hypertype.
Par exemple, le syndrome brachycéphale, responsable de détresse respiratoire chez le chien ou le chat à face plate, est très fréquent dans les races suivantes :
- Chiens : Bouledogue français, Bulldog anglais, Carlin, Boston terrier mais également chez certains Pékinois, Dogues de Bordeaux, Cavalier King Charles Spaniels, etc.
- Chats : Persan, British et Exotic Shorthair, etc.
! Tous les animaux de ces races ne sont pas victimes du syndrome brachycéphal !
Retrouvez plus d’informations via l’avis du CWBEA
Comment savoir si mon animal de compagnie souffre d’un hypertype ?
Pour déterminer si votre animal de compagnie souffre d'un hypertype, il est essentiel de surveiller de près son comportement, ses habitudes alimentaires, son apparence physique et de consulter un vétérinaire si vous avez des inquiétudes.
La gestion des conditions liées à un hypertype peut varier en fonction de la pathologie et de l'espèce de votre animal de compagnie. Un suivi régulier avec un vétérinaire est essentiel pour garantir la santé et le bien-être de votre animal de compagnie.
Je suis éleveur/éleveuse, que dois-je faire pour éviter la naissance d’un animal hypertypé ?
L’apparition d’animaux hypertypés est souvent la conséquence d’un effet de mode associé à un manque d’informations. Elle repose sur des erreurs (voire des dérives) réalisées lors de la sélection des individus reproducteurs.
Il appartient aux éleveurs et aux éleveuses de prendre toutes les précautions pour éviter de faire naître des animaux dont la vie, la santé ou le bien-être sera compromis en raison d’une tare héréditaire identifiable.
Dans chacun de ses avis, le Conseil wallon du Bien-Être des Animaux (CWBEA) propose des solutions pour sélectionner les animaux reproducteurs et poursuivre l’élevage en assurant la naissance de chiots ou chatons en bonne santé. D’une manière générale, le CWBEA recommande de rendre obligatoire l’évaluation du risque qu’un accouplement aboutisse à la naissance d’un chiot atteint d’un phénotype délétère évitable.
Sollicitez votre vétérinaire de contrat pour qu’il vous donne les conseils appropriés en matière de reproduction et de sélection génétique des animaux afin d'avoir un élevage sélectif cohérent.
Il est important de rappeler que la commercialisation d’animaux souffrant d’une maladie connue du vendeur est interdite (art 37§1er de l’arrêté du Gouvernement wallon 24 novembre 2022 relatif aux conditions d’agrément des établissements pour animaux et aux conditions de détention et de commercialisation au sein de ces établissements).
Je suis vétérinaire, que dois-je faire pour limiter la naissance d’animaux hypertypés ?
L’apparition d’animaux hypertypés est souvent la conséquence d’un effet de mode associé à un manque d’informations. Elle repose sur des erreurs (voire des dérives) réalisées lors de la sélection des individus reproducteurs.
Le vétérinaire qui signe un contrat avec un établissement d’élevage doit notamment donner les conseils appropriés en matière de reproduction et de sélection génétique des animaux afin d'avoir un élevage sélectif cohérent (art 79. §3. De l’arrêté du Gouvernement wallon 24 novembre 2022 relatif aux conditions d’agrément des établissements pour animaux et aux conditions de détention et de commercialisation au sein de ces établissements).
Dans chacun de ses avis, le Conseil wallon du Bien-Être des Animaux (CWBEA) propose des solutions pour sélectionner les animaux reproducteurs et poursuivre l’élevage en assurant la naissance de chiots ou chatons en bonne santé. D’une manière générale, le CWBEA recommande de rendre obligatoire l’évaluation du risque qu’un accouplement aboutisse à la naissance d’un chiot atteint d’un phénotype délétère évitable.
Je suis un.e citoyen.e et je souhaite acquérir un nouvel animal de compagnie, comment faire pour le choisir ?
Avant d’accueillir un nouvel animal de compagnie, posez-vous les bonnes questions. Choisissez votre animal de compagnie en tenant compte de votre capacité à satisfaire ses besoins.
N’hésitez pas à consulter votre vétérinaire avant d’entamer vos démarches ; il pourra vous guider dans votre choix.
En ce qui concerne les hypertypes, les symptômes ne sont pas toujours visibles dès la naissance. Certains apparaissent en cours de croissance, d’autres se développent à l’âge adulte.
De nombreux animaux sont à l’adoption dans les refuges. Si vous optez pour un élevage, refusez d'acquérir un chiot ou un chaton sans connaître ses origines. En particulier, la physionomie générale des géniteurs d’un animal (taille du museau, taille de l’animal, nombre de plis, couleur de la robe, …) est un indicateur à prendre en considération. Il faut souligner que la réglementation prévoit que le gestionnaire d’un élevage doit vous présenter la mère du chiot ou du chaton avant l’achat (art. 54 de l’arrêté du Gouvernement wallon 24 novembre 2022 relatif aux conditions d'agrément des établissements pour animaux et aux conditions de détention et de commercialisation au sein de ces établissements). Quand cela est possible, demandez également à voir le père.
Lors de la vente d'un chien ou d'un chat, le gestionnaire doit également vous informer du statut vaccinal de l'animal et du risque de transmission de tares héréditaires. Il doit vous remettre un certificat de garantie quant à la santé de l'animal (art 57. §1er. de l’arrêté du Gouvernement wallon 24 novembre 2022 relatif aux conditions d'agrément des établissements pour animaux et aux conditions de détention et de commercialisation au sein de ces établissements).
Si votre choix se porte sur un animal présentant un risque d’hypertype, soyez conscient-e de ses besoins et de ses spécificités. Certains animaux pourront avoir besoin d’un suivi plus particulier de la part du vétérinaire, d’une alimentation adaptée ou encore d’aménagements spécifiques dans votre foyer. Ces animaux méritent autant que les autres d’être accueillis au sein d’un foyer aimant, mais cela doit se faire en toute connaissance de cause.
Que vont devenir les animaux hypertypés qui existent actuellement ?
Comme pour tout autre animal, le responsable d’un animal hypertypé doit lui procurer une alimentation, des soins et un logement qui conviennent à sa nature, à ses besoins physiologiques et éthologiques et à son état de santé.
Les activités d’un animal hypertypé peuvent être très limitées selon les cas. Ainsi, un chien souffrant de dysplasie ne sera pas le compagnon idéal pour de l’agility ou de longues promenades. De même, un animal brachycéphale supportera difficilement les conditions estivales l’empêchant de réaliser le moindre effort.
Dans certains cas, il existe des traitements susceptibles d’atténuer les douleurs et souffrances engendrées par un hypertype. Ces traitements peuvent être longs et coûteux.
Informez-vous auprès de votre vétérinaire pour connaitre les besoins spécifiques de votre animal.
Le Conseil wallon du Bien-Être des Animaux recommande d’interdire qu’un animal souffrant d’un hypertype soit mis à la reproduction.